samedi, mars 10, 2018

Saturne perturbe le printemps


Ce n’est pas la première fois que je rédige une « alerte astrométéo », car parfois la géométrie céleste se contracte et la conscience collective, agitée et tourmentée selon les astres incriminés s’en ressent, ce qui ne manque pas de conduire à des tracasseries affectant d’innombrables individus. Il est alors du ressort de l’astrologie de prévenir, de délimiter et d’adoucir les conséquences de telles contractions en éclairant leurs significations, car seule la compréhension est à même de nous permettre d’en éviter les désagréments, voire de les tourner à notre avantage. 

Saturne et Vénus au carré du 7 au 20 mars

En conjonction ces jours-ci et jusqu’au 26 mars, Vénus et Mercure voyagent ensemble dans le signe du Bélier, favorisant des relations affectives ouvertes, quelquefois enthousiastes, parfumées d’émotions esthétiques raffinées portées par un mental à la fois subtil et délicat. De bonne augure donc, si ces deux astres en pleine idylle n’adressaient pas un carré à Saturne, qui séjourne solidement chez lui en Capricorne.

Mercure et Vénus sont des astres rapides et leurs aspects à Saturne ne perdurent normalement que quelques jours. C’est d’ailleurs ce qui se passe pour Vénus, la configuration tendue se dissolvant le 20 mars. Pas de problème ici, sans doute suffit-il de faire preuve de patience et de sagesse dans le cadre de l’affectivité et d’éviter, si l’on est seul(e), de s’investir émotionnellement dans une structure qui s’avérerait étouffante sur le long terme. On en profite même pour apprécier les sensations de solitude à leur juste mesure, ainsi que de possibles promenades solitaires propices à la contemplation et à la méditation. Quelques jours enrichissants en fin de compte, qui bien vécus nous en apprennent sur les sujets essentiels que sont l’image de soi, la futilité des apparences, la recherche ininterrompue du plaisir, la dépendance affective et la joie de vivre associée à la venia, qui est le couronnement de Vénus. 

Saturne et Mercure du 6 mars au 3 mai

Le carré de Mercure à Saturne est plus perturbant, durant longtemps et concernant le « comment penser » dans le cadre des orientations mentales, des choix et des décisions: 
« La propension aux mauvais choix est décuplée. La réflexion préalable est rarement menée à terme, quoique l’on en soit persuadé. Les mobiles secrets, les motivations cachées, les craintes, certaines mémoires douloureuses sont volontairement ou non ignorés. On devient son propre ennemi en se mettant soi-même des bâtons dans les roues. Il est difficile de communiquer, de s’expliquer, de se faire comprendre, d’aller droit au but, ce qui tend à créer des complications matérielles, sociales et affectives. Les décisions néfastes sont fréquentes et l’on apprend laborieusement de ses erreurs. » (1)

Mais ce qui rend ce carré d’autant plus perturbant, c’est une convergence qui veut que cette configuration, déjà difficile, soit renforcée par la rétrogradation de Mercure qui pourrait-on dire se passe au plus mauvais moment. On sait que la rétrogradation (l’astre semble faire marche arrière dans la voûte céleste) n’est qu’une illusion d’optique, mais mystérieusement et inexplicablement, l’on constate que ce « retour en arrière » a une incidence particulière sur les fonctions de cet astre en charge des structures de la pensée (logique, discernement, limpidité, organisation, échanges, informations …) et de tout ce qui concerne les communications : 
« Même bien aspecté en signe ou en aspect, Mercure rétrograde est semblable à un handicapé, impliquant des difficultés relatives à la logique, à la concentration, à l’attention, à l'ordre et à la clarté mentale. Les études, les activités professionnelles, la communication deviennent facilement problématiques. La chance se fait désirer et les choix ne sont pas toujours judicieux ». (2)

Ainsi Mercure est doublement perturbé, la période la plus difficile s’étendant du 23 mars au 15 avril, alors qu’il est à la fois rétrograde et au carré de Saturne. 

Les possibilités de retards, d’incompréhensions, de mésententes, de situations enlisées, de mauvais choix, de décisions néfastes, de polémiques stériles, de durcissement mental, de duplicité, de méchanceté et au pire de cruauté sont véritablement accrues.   

Il est ainsi essentiel, lors des deux mois que dure le carré et principalement pendant la rétrogradation, de renforcer l’observation du moi, de cultiver la sagacité liée aux échanges et aux informations et peut-être principalement de veiller à ne pas devenir son propre ennemi en jouant contre son camp :  c’est là une des conséquences classiques du carré Mercure/Saturne, qui se nourrit d’une incapacité marquée à s’examiner sérieusement, en sus des problèmes de distraction, d’oubli, de manque de concentration, le tout favorisant les mauvais choix. C’est dans ces périodes particulières que les nations et leurs dirigeants risquent le plus d’emprunter des sentiers nocifs à l’ensemble de la planète et de l’humanité. 

L’attention est le mot magique : elle signifie s’efforcer, sans contracter la volonté, sans jugement ni rejet mais dans une vraie liberté intérieure, à être attentif au contenu du mental, aux soubresauts de la conscience, aux mobiles secrets, aux motivations cachées, aux différents biais de la réflexion qui nous rendent illogiques et partisans, aux opinions et aux croyances qui rétrécissent l’esprit.

Correctement cultivée et dénuée de toute intervention, l’attention aux conditionnements, aux idéologies et aux croyances, ou encore à la puissance des craintes et de la poursuite effrénée de l’intérêt personnel, a capacité à transformer le carré en trigone : la relation entre les deux astres se fait alors positive et facilité la clarté, la patience, la détermination, la précision, l’organisation, la logique, la recherche et la détermination, le tout permettant des choix favorables, non seulement pour soi-même mais pour la communauté humaine. 

Saturne et Mars du 18 mars au 18 avril

Cependant, comme si cela ne suffisait pas, Mars entre en Capricorne le 18 mars, rejoignant Saturne avec lequel il voyage jusqu’au 18 avril. 

Cette configuration tendue, parfois liée à des tremblements de Terre (surtout en Capricorne) ou à des catastrophes naturelles, symbolise un durcissement du réel, c’est-à-dire du concret, du tangible, des relations que nous entretenons avec la matière, mais aussi avec nos projets, nos aspirations, nos vies et cela par le biais de circonstances adverses. 

Le désir (Mars), se heurte aux obstacles (Saturne), la capacité d’action (Mars) se bloque régulièrement (Saturne) et la frustration guette. Les solutions à ces problèmes passent par la renonciation, c’est-à-dire savoir ne pas s’enferrer dans le désir s’il s’avère que les circonstances se montrent par trop défavorables, ainsi que par la capacité de servir : Mars (le guerrier) s’exalte dans le Capricorne ou règne Saturne (le sage), qui est capable de canaliser son énergie et de le purifier afin qu’il devienne ce qu’il doit être vraiment : un serviteur animé du sens chevaleresque.

Il est clair que pendant toute la période Mars/Saturne, une grande prudence est de mise car les risques d’accidents sont accrus : l’on n’oublie surtout pas Mercure, qui rétrograde tout ce temps au carré de Saturne, empêchant souvent les bons choix (la renonciation par exemple) de sauver la situation et au contraire, enfonçant les individus dans des orientations néfastes. La leçon ici est que certaines circonstances adverses (Mars/Saturne), sont parfois les conséquences de nos choix, mais qu’il est possible de les adoucir, voire pourquoi pas de les retourner en notre faveur, par le biais de la renonciation et du service. 

Mercure et Mars du 28 mars au 11 avril

Le dernier aspect à surveiller, concomitant aux précédents, est le carré qui se joue deux semaines durant entre Mars et Mercure : ce sera la période la plus tendue et la plus dangereuse de toutes. Sous-tendu par les configurations à Saturne, ce carré évoque l’impulsivité, la violence affectant les paroles et les idées, les polémiques brutales, les confrontations, les conflits physiques et psychologiques, l’ironie mordante et le triomphe de la survie, de la métis grecque (la ruse de l’intelligence), trop souvent déconnectée du coeur. 

Propulsés par Mars, frustrés par Saturne, excités mentalement par Mercure, il faudra beaucoup d’attention et de bienveillance pour éviter de nous laisser emporter par nos désirs, nos ambitions et nos chimères. On complétera d’ailleurs cette analyse en rappelant que Pluton, maitre des pulsions, des puissances financières et de l’intérêt personnel est en parallèle de déclinaison à Saturne, ouvrant cet espace de crainte qui existe entre les interdits (Saturne) et les transgressions (Pluton), alimentant les causes de mauvais choix et jouant un rôle non négligeable dans l’amplification de l’auto-destruction collective. 

Synthèse

Une astrométéo bien perturbée donc... Impossible de nous en sortir sans peine sans en passer par l’intelligence, liée il est vrai à Mercure en ce qu’il représente l’ordre. Un ordre avant tout mental, lié à la limpidité de la pensée qui naît de la vision globale du désordre, de la profondeur de la réflexion (Saturne) et de la perception directe de la vérité (Uranus). Saturne, malgré les perturbations annoncées, reste le sage apte à nous faire parcourir les sentiers des réflexions sérieusement orientées et Uranus représente les espoirs de révolution, de liberté et de vérité. Sans doute est-il un peu déconnecté ces temps-ci, mais il revient en position intéressante, c’est-à-dire harmonique à Saturne au mois de mai, encourageant alors un éveil structuré des consciences nécessaire à une transformation autant radicale qu’indispensable. D’ici là, on l’a compris, l’attention est plus que nécessaire.  

(1) L’astrologie et la mécanique de la pensée Les aspects de Mercure (Mercure dissonant à Saturne)

(2) Ibid. Les aspects de Mercure (Mercure rétrograde)



CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.