samedi, décembre 30, 2017

Saturne en Capricorne mode d'emploi


« Tel un sage que nous portons en nous, Saturne incarne la voix de la sagesse que l’on préférerait ne pas entendre. Ses incitations à la tempérance, à la simplicité, à l’humilité et à la renonciation, vont trop à l’encontre de nos désirs. Son visage est double, autant figure-t-il les pensées noires, maussades, frileuses qui assombrissent le caractère et l’existence car elles affaiblissent l’organisme et éloignent la chance et les opportunités, autant il imbibe d’un profond sérieux porté à la réflexion, à l’introspection et au recueillement. La façon dont il se manifeste nous appartient en grande partie et c’est là qu’est sa clef. Saturne est lié au libre arbitre. A travers lui nous réalisons, souvent trop tard, combien nous sommes responsables des hauts et des bas de nos destinées ». L’astrologie et la mécanique de la pensée (Les fondations de la pensée/Saturne)


Saturne en Capricorne du 20 décembre 2017 au 22 mars 2020 puis du 2 juillet au 17 décembre 2020 

La veille de ce dernier solstice d’hiver Saturne a retrouvé son domicile en Capricorne, après presque 27 ans d’absence, son départ datant du 7 février 1991, permettant à celles et à ceux désireux de s’harmoniser avec son énergie, de poursuivre et de concrétiser d’ambitieux projets, avec réalisme et pragmatisme, exprimant ainsi la force mentale, la simplicité, la patience, la détermination et la persévérance, c’est-à-dire les qualités fondamentales propres à cet astre. 

Les possibilités offertes sont de toutes natures, matérielles, artistiques, politiques, philosophiques ou spirituelles, Saturne en Capricorne permettant de concentrer la volonté dans une direction choisie et de ne pas en démordre. Tout dépend ainsi de la façon dont nous manifestons cet astre qui symbolise une part importante des efforts à fournir nécessaires à notre survie (abri, logement, nourriture), d’où ses liens contraignants avec les préoccupations mentales (la Lune, maîtresse du Cancer opposé au Capricorne). Ces efforts obligatoires, inhérents à toute forme de vie, peuvent être vécus de différentes façons et toute la question est là : allons-nous privilégier, comme souvent malheureusement, la fuite de la peur sous ses multiples formes qui nous mène au durcissement, à l’entêtement, à l’isolement et à la séparation ou allons-nous réussir à favoriser la quête de la liberté et de la créativité afin de provoquer la transformation radicale dont le monde a besoin?

Le sérieux saturnien 

En l’absence des perturbations que nous allons aborder, Saturne en Capricorne est naturellement « sérieux », se montrant favorable grâce à sa tendance à provoquer la réflexion profonde, à prendre du recul, à creuser, à bâtir et à structurer. Ce sérieux ne signifie pas l’ennui d’un esprit renâclant au rire et à l’amour, mais une conscience prête à prendre à bras le corps les problèmes individuels collectifs et d’y apporter des solutions concrètes. 

Cependant, si dans ses meilleurs états, Saturne représente la simplicité naturelle et la profondeur de vue empêchant le triomphe du matérialisme absurde et destructeur, sans pour autant s’ébattre béatement dans les illusions et les croyances, il représente aussi le repli sur soi, la frilosité, le durcissement et l’égoïsme qui s’expriment dans la recherche permanente de la sécurité. Quoique Saturne en Capricorne renforce la volonté et la discipline, la façon dont nous le canalisons décide de ses « effets » positifs ou négatifs sur nos existences. Demandons-nous ainsi, en ce tout début de traversée, ce que nous désirons vraiment, ce qui revient à examiner le pourquoi de nos ambitions, de nos désirs et de nos souhaits, qu’il s’agisse d’argent, de confort, de pouvoir, de plaisir ou même d’illumination spirituelle. 

Saturne est le sage intérieur et profiter pleinement de ses leçons astreint à comprendre que le libre-arbitre n’est jamais donné à la naissance (1), mais doit être conquis par l’exploration des motivations sous-tendant nos actions. Dans cette optique Saturne en Capricorne, considéré seul, c’est-à-dire en dehors des aspects, est un véritable allié, permettant de tracer les origines des graves problèmes qui tourmentent nos sociétés, dans le coeur et l’esprit de chacun d’entre nous et d’y remédier. 

La perturbation plutonienne 

Les astres sont des voyageurs, les signes les pays qu’ils traversent. Si le terrain rugueux, solide, minéral, mais non dépourvu d’eau du Capricorne (2), convient admirablement à Saturne, les astres appartiennent à une structure géométrique vivante et mouvante, les aspects, qui se tiennent au coeur de cette ronde éternelle créatrice de sens. Les aspects représentent ainsi les perturbations annoncées, qui décident en grande partie de la façon dont notre psychisme « manifeste » Saturne.     

Saturne au parallèle de déclinaison de Pluton (3) de décembre 2015 à février 2020 et conjoint à Pluton de février 2019 à la fin décembre 2020

Voici face à face deux « adversaires » puissants, aux vues radicalement opposées. Saturne, le surmoi de la psychanalyse, associé aux règles, aux lois, à la morale, régule, structure et souvent interdit. Pluton de son coté a fort à voir avec les fantasmes, les désirs, les pulsions et les obsessions. Il s’agit d’éloigner la mort, l’anéantissement, en se sentant vivre intensément, d’où ses liens avec le pouvoir, l’argent et la sexualité. Face à Saturne, il symbolise la transgression. Dans cet affrontement créateur de peurs qui imbibent tout le psychisme collectif, la stratégie plutonienne consiste à corrompre Saturne en orientant la force mentale, la volonté, la patience et la persévérance vers le matérialisme, pensant y trouver une forme de sécurité. Favorisé par une hypocrisie morale qui prêche la discipline et l’austérité (Saturne), le moi s’épaissit alors dans la quête de l’enrichissement, des sensations intenses et du pouvoir (Pluton), ou même de l’illumination (4). 

Ainsi corrompu et refroidi, Saturne fonde sa « discipline » sur des autorités intérieures nées des conditionnements du mental (traditions, morales religieuses ancestrales, frustrations, crainte de soi et des autres…), renforçant ainsi le cynisme de Pluton, puisque toute opposition frontale aux pulsions ne font que les renforcer. 

L’ensemble du psychisme collectif est ainsi soumis à la « guerre intérieure » qui se déploie ensuite dans nos façons de dominer, d’exploiter et de détruire. Changer la conscience collective signifie changer les individus et pour ce faire les mécanismes présidant à nos orientations et à nos actions sont à saisir avec intelligence : gagner la guerre intérieure, c’est-à-dire cesser de nous détruire tant extérieurement qu’intérieurement, signifie aboutir à un Pluton « moralisé » par Saturne, capable de « détruire » les traumatismes passés. Saturne incarne alors la faculté non pas de contrôler, mais de réguler Pluton :  

« Laisser la bride sur le cou à Pluton nourrit le désir, car on n’éteint pas un feu en jetant de l’huile dessus. De son côté un Saturne castrateur mène à la frustration. (….. ) 
La fonction de Saturne n’est pas d’interdire le processus plutonien mais de le contempler. D’observer les pulsions et les appétits, quels qu’ils soient, comme on contemple des nuages poussés par le vent, sans chercher à les modifier. ( …… ) 
On ne fait pas n’importe quoi car l’intelligence et la sagesse s’y opposent et l’on renonce à ce qui épaissit la pensée (Pluton), naturellement, sans faire d’efforts. Simultanément on ne se plie pas à des principes, à des codes ou à des morales fondées sur des craintes, des traditions, des superstitions et autres conditionnements (Saturne). L’énergie mentale s’accroît alors considérablement, la liberté se déploie et les obsessions relatives à la sexualité, à la peur ou à la mort se dissolvent dans leur insignifiance. Le mental se régénère et se libère ». (5)

Uranus, Neptune et Jupiter 

Comme déjà expliqué, la géométrie céleste créatrice de sens s’associe à l’ensemble de la structure astrale. Lors de ce long séjour de Saturne en Capricorne et de son affrontement avec Pluton, Neptune, Uranus et Jupiter pourraient possiblement, faire pencher les plateaux de la balance vers l’intelligence, la justice et la compassion. Sans nous bercer d’illusions, l’on remarque que les trois astres interviennent harmonieusement et de façon soutenue, facilitant à la conscience collective une progression dans la bonne direction.  

De début juin à la mi-novembre 2018, Saturne et Uranus sont à nouveau en trigone, permettant à l’éveil des consciences (Uranus), de se structurer (Saturne) : « Uranus est lié à l’éveil parfois fulgurant des consciences et Saturne à la profondeur et à la persévérance nécessaire à l’application de ces illuminations soudaines. Cela concerne à la fois la collectivité et les individus, ces derniers par le biais de l’élaboration et de l’application d’une nouvelle philosophie personnelle, à la fois humaniste, sage et pourtant transformatrice dans le bon sens du terme. » (6)

De la mi-mars à la fin avril 2018, puis de la fin novembre 2018 à la mi-janvier 2020, puis enfin tout le mois de septembre 2020 Neptune et Saturne sont en sextile. 
Neptune, lui-même harmonieusement lié à Pluton par un sextile depuis près de 70 ans, ce qui, croyons-le ou non, nous a sans doute évité le pire, représente une part importante de la compassion et de l’empathie. Il symbolise aussi la population mondiale, dans sa relation aux puissances financières (Pluton) et aux aristocraties dirigeantes (Uranus). Ces sextiles harmonieux aideront sans doute à adoucir, à calmer la conscience collective, les individus comprenant un peu plus qu’ils sont cette conscience et se sentant ainsi moins séparés. Les mouvements, les associations, les lanceurs d’alerte, toutes celles et ceux qui tentent de défendre les plus faibles (migrants, opprimés de toutes sortes, animaux et être vivants dans leur ensemble) en bénéficieront. En ce sens les médias « neptuniens » capables de créer des émotions partagées  (télévision, cinéma, internet …) nourriront les prises de conscience par le biais d’essais, de romans, de spectacles, de films, de séries, de videos … 

De la fin janvier à la fin décembre 2020 Jupiter et Pluton sont conjoints. Quasiment au même moment, la conjonction de Jupiter et de Saturne commence en février 2020 et se poursuivra jusqu’en mars 2021. 
Ainsi, de février à décembre 2020, les trois astres seront conjoints, un moment de géométrie céleste tout à fait particulier, sur lequel nous aurons amplement le temps de revenir. 
Dans les meilleurs des cas cette triple rencontre mettra en scène la justice et la compassion (Jupiter), la sagesse et la discipline (Saturne) et un Pluton peut-être capable de libérer des traumatismes passés et de régénérer ce qui a été corrompu. Ce scénario idéal représente ce vers quoi il nous est possible de tendre, chacun à l’intérieur de soi, afin de changer le monde :  « changer le monde » n’est pas un souhait de rêveurs utopistes, mais une obligation et une nécessité car les espèces vivantes s’éteignent à une vitesse alarmante, le climat change, les océans et l’air que nous respirons s’empoisonnent, l’ignorance, la violence et la brutalité ne faiblissent pas et nos existences en sont non seulement désenchantées mais menacées. 

Il est de notre responsabilité de déployer nos thèmes astraux au mieux, c’est-à-dire de suivre notre sentier céleste unique à chacun. Celui-ci est un instantané du thème astral mondial en mouvement permanent, reflétant les flux et reflux de la conscience collective, pris au moment de notre naissance. 
Dans un monde qui voit naître neuf enfants par seconde, chaque instant qui passe porte en lui sa géométrie unique qui toujours contient les clefs de la compréhension. Saturne en Capricorne, qui tend à l’action concrète, nous offre une chance de plus à la rédemption, à nous de ne pas la gâcher, car ce ne sera sans doute pas toujours le cas.  


(1) « La notion de libre arbitre, synonyme de liberté, désigne le pouvoir de choisir de façon absolue, c’est à dire d’être à l’origine de ses actes. Autrement dit un sujet libre est sensé pouvoir choisir de lui-même ce qu’il choisit, sans être poussé à l’avance d’un côté ou d’un autre par quelque influence ou cause que ce soit (....) Est- il si évident que nous ayons un contrôle sur nos pensées et nos émotions ? La plupart de nos supposées « actions », ne sont-elles pas en réalité des réactions mécaniques qui répondent à autant de facteurs intérieurs (émotions, préjugés...) et extérieurs (les circonstances) que nous ne contrôlons pas ?» Julien Saiman (le libre arbitre) « Ces facteurs dont parlent le philosophe et les réactions mécaniques qu’ils entraînent ne sont-ils pas justement ce que décrit le thème astral avec justesse? craignant le piège du déterminisme, l’astrologie moderne défend pourtant le libre arbitre, alors que bien des écoles de pensée l’ont réfuté, lui opposant par exemple l’ignorance des causes profondes de nos actions (Spinoza), la grâce de Dieu ou plus récemment la puissance de l’inconscient
L’astrologie et la mécanique de la pensée (L’architecture et la pensée/A propos du déterminisme)

(2) Le Capricorne fut appelé chèvre-poissons, alliant symboliquement la montagne (la terre) et la mer (l’eau). L’eau figure l’émotion, souvent dissimulée ou contrôlée par le Capricorne, ce qui la rend particulièrement opérante, car implantée au coeur des motivations. 

(3) « Le parallèle de Saturne à Pluton imbibe des années durant la toile de fond du psychisme collectif. Il nourrit entre autres nombre de tourments intérieurs liés aux interdits (Saturne) et aux transgressions (Pluton), que l’on cherche à régler de différentes façons, par la censure ou la permissivité, par la discipline conflictuelle ou le libre cours au pulsionnel, selon les conditionnements personnels et collectifs qui sont les nôtres »  2017 l’année des contradictions

(4) Il s’agit alors de matérialisme spirituel, qui consiste à épaissir inconsciemment l’ego par des pratiques « spirituelles », yoga, méditation, alimentation « sattvique » et ainsi de suite.

(5) L’astrologie et la mécanique de la pensée : Saturne et Pluton en aspect



CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.