jeudi, octobre 29, 2015

Le temps du Dragon



« Le Dragon des nœuds lunaires (…)  reflète le monde matériel symboliquement issu du Soleil (l’origine) et de la Lune (la manifestation). Il indique où s’assouvit la soif d’expériences et confronte intensément au matériau brut, circonstanciel de la vie, qui semble émaner des visualisations et des projections de la pensée. (….) L’expérience montre que ce sont des lieux étranges, largement incompris, où le libre arbitre est le plus restreint, où l’événementiel s’attaque parfois à la fabrique de la destinée pour le meilleur ou pour le pire. Ce sont des carrefours où le psychisme s’entremêle à la matière, ce lien se manifestant par le biais d’événements décisifs et de rencontres déterminantes (…).  S’ils colorent visiblement le caractère, ils s’imbriquent intimement dans la tangibilité de nos existences, entretenant une synchronicité avec la matérialisation de la pensée, comme s’ils figuraient des concentrés de formes mentales vouées à se réaliser à un moment ou à un autre. Ce sont des marqueurs de la destinée ». (L’astrologie et la mécanique de la pensée)

Le mot-clef, lorsque les nœuds lunaires sont impliqués dans de fortes configurations, comme c’est le cas de la fin octobre à la fin novembre, est évènement. En effet, s’ils colorent notablement les préoccupations et les « humeurs » mentales, ils s’associent à une vraie tangibilité. En d’autres termes, ils correspondent à des faits réels, mesurables,  qui selon les cas se répercutent dans les destinées personnelles (rencontres majeures, accidents, maladies, échecs ou succès, chutes ou élévations….), ou encore  concernent la collectivité dans son ensemble. Maintenant, quoique le ciel semble souvent évident après coup, il n’est pas si simple de le déchiffrer avant que ce qui est censé se produire ne se produise pour de bon (1), ne serait-ce parce que la Terre est vaste, les pays nombreux et l’humanité riche de milliards d’individus.

La configuration dont nous parlons implique spécialement Mars et Vénus (avec Jupiter dans une moindre mesure), alors qu’actuellement conjoints à la fin de la Vierge,  ces astres rencontrent Rahu, le nœud lunaire nord, annonçant une période chargée et possiblement déterminante pour nombre d’entre nous, particulièrement mais pas uniquement pour celles et ceux aux thèmes marqués par les derniers degrés de la Vierge et des Poissons et par les premiers degrés de la Balance et du Bélier.

Mars et les nœuds lunaires, du 30 octobre au 27 novembre.

Une des caractéristiques des nœuds lunaires est « d’activer » les  faces tourmentées des astres qu’ils côtoient de près. En ce sens, la conjonction de Mars à Rahu, le nœud lunaire nord du 30 octobre au 21 novembre (2), favorise la colère, l’attachement et l’anxiété. On tend à être obsédé par la réalisation de ses désirs, quitte à privilégier le passage en force. Les craintes de ne pas obtenir ce que l’on désire et de perdre ce que l’on possède déjà sont accrues. Rahu n’interdit pas le succès des entreprises et parfois même les facilite, mais l’insatisfaction reste presque toujours inévitable : à peine obtenu, l’objet du désir quand il n’est pas « repris » aussitôt, se montre sous un autre jour et perd l’essentiel de son attrait.

Comme du 11 au 27 novembre, Mars se lie simultanément aux deux nœuds lunaires par l’intermédiaire d’un parallèle de déclinaison, tout le mois de novembre est concerné par ce qui précède. A partir du 11 cependant, Ketu joue de sa nature compulsionnelle qui s’avère souvent dangereuse avec Mars, décuplant les risques de violence. Les individus spécialement marqués par Ketu au natal expérimentent un accroissement de craintes soudaines, souvent inexplicables. Ces tendances mondiales, ressenties par des milliards d’individus, sont causes d’intensification  du nombre d’accidents, de violences et d’actes terroristes dont les médias se font le relais (3)

D’un autre coté il est bien entendu possible d’user de l’inter-action des nœuds lunaires avec Mars de façon positive et féconde, à condition de cultiver la connaissance de soi, c’est-à-dire de s’orienter intérieurement dans la bonne direction. Cela permet d’adoucir l’énergie de Mars (4), ce  qui nécessite de transformer le guerrier en serviteur. La relation de Mars au nœuds offre alors l’opportunité de progresser vers le détachement, par la compréhension de l’énergie du désir. Elle facilite également  la conquête de la peur, grâce au courage que l’on a d’affronter ses propres obscurités. Mars conjoint à Rahu favorise également les actes de bravoure (d’autant que Jupiter n’est pas loin) et de ce fait l’émergence du héros solaire, présent en chacun d’entre nous. Les exploits sportifs sont facilités.

Vénus, Mars et les nœuds lunaires

Vénus conjointe à Mars (environ du 10 octobre au 20 novembre) mais également à Rahu du 1er au 13 novembre, puis au parallèle des nœuds (du 7 au 16 novembre ), représente l’objet du désir pour beaucoup d’entre nous.
Les amours passionnées se démultiplient pour le meilleur comme pour le pire, mais rarement dans la simplicité ou la légèreté. Relatifs à l’union, à l’amour, à l’art, à la sensualité, des évènements vénusiens s’accompagnent du poids des noeuds qui cristallisent les situations, les figent dans le temps en les rapportant au passé ou en les mêlant à des bouleversements encore à venir. Rahu offre ce que l’on croit être des cadeaux, mais qui dans les mois ou les années qui suivent se révèlent être des fardeaux avec lesquels il faudra compter.

La soif de sensualité, de plaisir et d’amour reste inextinguible, malgré des expériences parfois exaltantes. Des situations sentimentales complexes, quelquefois secrètes, empoisonnent possiblement la vie par l’anxiété, l’obsession et la dépendance affective ou sensuelle qu’elles procurent. Des manipulations ont lieu sous le masque du charme et de la gentillesse. Alors que Jupiter vogue à proximité, Rahu, Mars et Vénus promettent des rencontres intéressantes mêlant la jouissance et la conquête, la recherche du plaisir et la domination et capables de changer les destinées. Ces transformations s’avèrent propices ou néfastes selon la capacité personnelle à chacun de gérer les attachements et la dépendance qui sont générés.

Au mieux d’importantes compréhensions et de belles expériences sont vécues, par le biais de rencontres et de synchronicités capables d’ouvrir le cœur à la beauté. L’amour vrai, libéré de l’attachement, c’est-à-dire de la peur et de la quête de la sécurité, est apte à se manifester.


Jupiter, Mars, Vénus et Rahu

« Le roi du ciel » est conjoint à Mars et à Vénus jusqu’au 7 ou 8 novembre et comme le veut sa nature, il amplifie la quête de l’amour, de l’affectivité, de la vie facile et des sensations agréables (conjonction à Vénus), ainsi que de la colère, du sens de l’action et du désir d’œuvrer contre l’injustice (conjonction à Mars). Jupiter offre ainsi beaucoup d’ampleur aux instincts, à la passion (conjonction Mars/Vénus), aux sentiments et aux émotions, nourrissant le désir de jouir et d’agir. Sa proximité permet aux opportunités de se manifester plus facilement. Pour cela beaucoup dépend de la situation (sociale, professionnelle, sentimentale) qui est la notre et de notre philosophie personnelle, car si l’on peut toujours profiter au moins un peu de Jupiter, on passe aussi souvent à coté de ses bienfaits.

Cependant, en ce qui le concerne, sa conjonction avec Rahu ne commence vraiment qu’à la fin du mois de novembre. Elle perdurera jusque la fin juillet 2016. Nous en reparlerons.

La Lune

Semblable à un projecteur dont le pinceau lumineux s’arrête sur l’élément central d’une scène, la Lune est souvent déclencheuse d’évènements : peut-être surveillera-t-on particulièrement les 6 et 7 novembre qui verront sa conjonction avec Jupiter, Mars, Vénus et Rahu (5). Cela vaudra d’ailleurs la peine de se lever avant le jour afin de contempler les trois astres conjoints au croissant lunaire, gardant en tête la présence invisible de la tête du dragon et méditant sur elle, c’est-à-dire sur les déboires causés par l’anxiété et l’attachement.

La Lune est liée aux préoccupations mentales. Ses nœuds confrontent à une réalité rendue problématique par la soif inextinguible des expériences, mais aussi, par ce biais, à l’axe spirituel de l’existence.
Le mythe de l’amrit (le nectar d’immortalité) décrit le légendaire avènement de Rahu et de Ketu.
Après de terribles efforts, les dieux seuls obtiennent le nectar non pas parce qu’ils représentent le bien et leurs cousins démons le mal, mais parce qu’ils respectent les conditions posées par Vishnou, qui leur demande de ne pas s’attacher aux jouissances matérielles.
Il ne s’agit pas de renoncer au plaisir, mais de ne pas s’y attacher mentalement car l’attachement nourrit la pensée et le moi, qui ainsi s’épaississent et s’opacifient, condamnant les portes menant aux strates les plus profondes de la conscience.
Il s’agit donc de se détacher, mais le détachement (Ketu), ne peut être poursuivi par la volonté. Il ne peut que procéder de l’intelligence, c’est-à-dire de la compréhension de l’attachement (Rahu).
Vénus et Mars, astres de désirs, par le biais des expériences qu’ils nous proposent, doivent nous mener à cette compréhension qui passe par l’ensemble des énergies zodiacales et planétaires.


(1) La question du déterminisme qui se greffe ici, avec ses considérations concernant le libre-arbitre, est un autre débat que nous n’abordons pas aujourd’hui. L’on n’oubliera pas pourtant que nous pouvons influer sur la nature et l’intensité des évènements prévus, par le biais de notre intelligence. Ainsi un transit très tendu de Mars sera difficilement évitable, parce qu’entre autres raisons nous serons trop pressé, impulsif, imprudent, téméraire, conflictuel ou violent  favorisant ainsi les circonstances adverses, mais il y a une différence notable entre se cogner la tête sans dommage et récolter une commotion cérébrale.

(2) En usant d’un orbe de 7° pour les conjonctions des planètes aux nœuds moyens. 

(3) J’ai souvent stressé la notion de témoignage, dans le sens où les nœuds s’associent régulièrement à des événements marquants, possiblement choquants, dont on est témoin qui parfois même ne nous concernent pas personnellement, comme un accident impliquant des personnes inconnues, ou un attentat meurtrier relayé par les médias du monde entier (lors de celui du World Trade Center  ou lors du massacre perpétré par le norvégien Andreas Breivic, le nœud sud était conjoint à Mars).

(4) cf. note 1.

(5) La journée du 5 novembre pourrait être tendue à cause du carré de la Lune en Vierge à Saturne en Sagittaire, un aspect souvent difficile, parfois évènementiel, qui demande autant que faire se peut, de cultiver la méditation.

CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.