lundi, juillet 14, 2014

De Ketu à Neptune


Tous les soirs au couchant, Mars brille conjoint à Spica, l’épi de la Vierge. Plus à l’Est, Antarès, le Cœur du Scorpion rougeoie. Situé presque exactement entre ces feux du ciel, voguant entre Alpha et Bêta de la Balance, Saturne resplendit majestueusement. Ceux qui admirent ce spectacle ignorent presque tous que Mars et Spica ont un compagnon invisible nommé Rahu, le nœud lunaire nord (1). Moins nombreux encore sans doute sont ceux qui savent que Neptune, voyageant pourtant de l’autre coté du ciel dans le signe des Poissons, les escorte aussi par le biais d’un antisce (2), une configuration subtile et ancienne, liée aux degrés du Zodiaque et aux parallèles de déclinaisons et comme ces derniers équivalant dans sa signification à une conjonction. Kétu quant à lui, opposé à Mars et à Rahu et au contre-antisce de Neptune figure la clef cachée de cette configuration.

Voyons d’abord Mars et Rahu dont la conjonction commencée début juillet est active jusqu’au 25 de ce mois.

Rahu ressemble à Jupiter, il amplifie mais de façon « maléfique », dans le sens où ses cadeaux sont non seulement empoisonnés mais peuvent être repris n’importe quand. Obscurci par Rahu, Mars enflamme la compétition, les rivalités, le désir et la colère contre soi-même, celle provoquée par l’anxiété, car tendu vers le désir, le mental craint de ne pas obtenir satisfaction ou encore de perdre ce qu’il a obtenu. La tension mentale contracte le corps que les instincts tourmentent. La vitalité physique, le courage, le sens de la compétition, la capacité d’obtenir des cadeaux, c’est-à-dire de conquérir et de vaincre sont favorisés mais s’accompagnent de la malédiction de Rahu qui est l’insatisfaction. Quoique l’on obtienne on en veut encore plus. L’objectif est de comprendre les mécanismes liés à cette conjonction, car les aspects des nœuds et des planètes nous éclairent sur la façon dont ces dernières se déploient activement dans nos destinées. Tourmentée par le désir (Mars) et l’insatisfaction chronique (Rahu) la pensée doit être examinée sous toutes ses facettes.

Mars et Rahu assombrissent l’actualité. Si la violence (Mars) est toujours présente dans notre monde, il est des moments où ses conséquences sont bien plus graves, comme c’est le cas au Moyen-Orient en ce moment. D’horribles meurtres de part et d’autre ont embrasé la contrée et Mars (la brutalité guerrière) allié à Rahu (dont la nature est souvent sournoise) met en exergue les facettes les plus obscures de l’humanité.

L’actualité est pourtant notre responsabilité car elle prend ses sources en nous-mêmes. Mars et Rahu s’échauffent dans nos sphères privées, dans notre quotidien et plus encore au-dedans de nos moi, là où tout naît et d’où tout se répand. La crainte viscérale de la mort, les jalousies et les rivalités, les obsessions et les manœuvres secrètes (Rahu) qui occupent nos esprits colorent nos sociétés. Approcher Mars/Rahu c’est forcément creuser sous les racines du désir et de la peur. C’est examiner comment la poursuite permanente des satisfactions épaissit le moi et empêche la fluidité, la souplesse, l’abandon de soi et la joie nécessaires à l’exploration de la conscience profonde.

Ainsi l’attachement (Rahu) à la structure du moi, ce noyau dur de la pensée, est à comprendre ce qui demande de réaliser sa nature illusoire et de se diriger vers le détachement qui permet la plongée en eaux profondes. C’est ici qu’intervient l’ouverture d’une fascinante fenêtre par laquelle il faudrait pouvoir s’engouffrer, ou à défaut jeter un œil inquisiteur avant qu’elle ne se referme. Le ciel est ainsi fait, il entrouvre régulièrement des portes mystérieuses qui se ressentent si l’on est un tant soit peu « éveillé », c’est-à-dire en quête de vérité. Ajoutons que même si l’on peut tout à fait s’en passer, une certaine approche de l’astrologie permet de regarder du bon coté.

Cette fenêtre passe par Neptune dans les Poissons, par le biais de parallèles de déclinaisons et d’un antisce.

- Le parallèle de déclinaison entre Neptune et les nœuds lunaires s’est installé début juin et s’achève le 29 juillet.
- L’antisce attachant Neptune à Rahu est valable du 16 juillet au 11 août (avec 1° d’orbe). Il est exact le 31 juillet avec Rahu à 23°04 de la Balance et Neptune à 6°56 des Poissons.
- Le parallèle de déclinaison Mars/Neptune est actif du 5 au16 juillet.

Par le biais d’une translation de lumière, Rahu garde ouvert le lien entre Mars et Neptune jusqu’au 25 juillet (dissolution de la conjonction Mars/Rahu). Ensuite, Neptune, Rahu et obligatoirement Ketu, le nœud lunaire sud, continuent à inter-agir ensemble jusqu’au 11 août, positivement ou négativement selon la façon dont Mars, dont le rôle est de permettre d’affronter ses peurs a été vécu. 

Le négatif :
L’illusion (Neptune) du moi est renforcée par les désirs (Mars) et l’intense attraction de la sphère matérielle (Rahu). Des agissements secrets et sournois (Rahu), des trahisons, des dissimulations et des mensonges (Neptune), des comportements agressifs, brutaux et dominateurs (Mars) menacent la paix des individus, des familles et des nations. La propagande, l’identification, les idéologies, les médias et la télévision (Neptune) favorisent la compétition, la brutalité et la colère (Mars), l’anxiété et l’insatisfaction (Rahu). Analogiques au réchauffement climatique annonceur de multiples catastrophes écologiques,  la crainte et la confusion augmentent d’un ou deux degrés dans le creuset de nos consciences. rahu n’est plus qu’obsessions et Ketu compulsions.

Le positif :
Il s’agit d’une chance à saisir, d’un sentier qui apparaît soudain dans le brouillard, juste quand on se croyait perdu. Neptune, fusionnel et compatissant oriente la conscience vers la non-violence, le service et l’amour. Ainsi porté Mars se manifeste sous l’aspect de serviteur et de protecteur des faibles (Neptune). Il incarne le héros qui affronte ses propres peurs et lutte contre les injustices et les oppressions d’un esprit cannibale à jamais insatisfait (Rahu). Il construit alors un pont vers un Neptune purifié qui symbolise l’accès au silence qui règne au-delà de la pensée par la destruction de l’illusion du moi. Ce pont passe parfois par l’emploi intelligent du corps, le yoga ou la danse par exemple, réunifiant celui-ci à sa nature de véhicule de l’esprit et des émotions, aidant l’être à planter ses racines au plus profond de la terre, condition sine qua non à l’éclosion finale. L’ensemble de cette lecture se confirme par la position de Ketu, la contrepartie de Rahu, au contre antisce de Neptune (23° du Bélier), sachant que Ketu, le membre du serpent (la queue) choisi par les dieux qui seuls obtiennent le nectar d’immortalité, représente la nécessité du détachement des illusions et des désirs du moi pour que ce processus d’élévation se produise. 

En conclusion il s’est formé pour quelques semaines (jusqu’au 11 août) un lien signifiant entre le 7° des Poissons (Neptune), son antisce à 23° de la Balance (où se trouve Rahu), la conjonction de Mars à celui-ci et le contre antisce de Neptune (23° Bélier, signe de Mars) où se trouve Kétu. Prise en sens inverse, la chaîne part de Ketu (le détachement) pour aboutir à Neptune (la communion) après que le moi ait  séjourné dans les forges de Mars et de Rahu (les désirs, les expériences et les insatisfactions).

Cette configuration quelque peu ésotérique scintille sous la formidable charpente des aspects majeurs, dont en premier lieu la toute puissante quadrature Uranus/Pluton qui colore le ciel pour plusieurs années. Elle illumine fugitivement, mais dans ses moindres détails, les insondables profondeurs de nos êtres. Elle évoque en cela le doux miroitement des Pléiades, bien moins éblouissantes qu’Antarès, Aldebaran, Sirius ou Arcturus par exemple, mais dont la beauté subtile recèle la finalité mystérieuse de nos destinées individuelles et collectives. 



(1) Il s’agit du nœud vrai.

(2) « L’antisce est un point qui se trouve à la même distance, en longitude, qu’un astre par rapport à la ligne des solstices. La Ligne des Solstices c’est l’axe 0° Cancer/0°Capricorne. Ainsi, une planète située à 23° Gémeaux aura son antisce à 7° Cancer ». Pour plus de détails voir l’article de Frédéric Muscat sur les antisces d’où ces lignes sont extraites.  
Voir aussi celui de Liliane Magos 
Dans la configuration qui nous préoccupe, l’antisce de Neptune à 7° des Poissons est le 23° de la Balance, où se trouve Rahu actuellement. Le contre-antisce est son opposé, ici à 23° du Bélier. 

(3) Lire ici une approche des relations entre Mars et la méditation.





CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.